Après l'AVC accepter d'avoir changé

L’accident vasculaire cérébral touche beaucoup plus de fonctionnalités qu’on pourrait le penser. Après le séïsme cérébral, on doit reprendre confiance en soi. Néanmoins après l’AVC, il faut accepter d’avoir changé. Une nouvelle personne est née différente de la précédente.

Après l’AVC, s’ouvre une nouvelle vie dans l’acceptation d’avoir changé et de ne plus être la même.

L’AVC fait beaucoup plus de dégâts qu’on le croit. Ils sont invisibles pour tous? C’est le danger qui peut mettre en péril la construction de sa vie avant le jour de l’AVC. Son conjoint, sa famille, ses enfants, personne ne s’aperçoit que l’on a changé. Au départ dans le déni de cette acceptation, il faut enterrer son ancien caractère et apprendre à composer avec son nouveau tempérament. Ca demande beaucoup d’énergie jusqu’à conduire à l’épuisement psychique. Les réactions ne seront plus jamais les mêmes au point de ne plus avoir aucun affect pour quiconque dégradant les relations de couple et interfamiliales.

On s’en aperçoit au fil du temps, des semaines et des mois qui passent. On prend conscience qu’on a subi un « choc » atteignant le cerveau émotionnel. Il est compliqué de ne plus ressentir d’amour, de joie ou de plaisir. On est devenu dur comme de l’acier trempé incapable de réagir émotionnellement. Plus rien ne touche. C’est effrayant et peut donner des idées suicidaires.

Témoignage

« Depuis l’accident vasculaire cérébral, en colère et avec une tendance agressive, je n’ai plus cette grande empathie et cette capacité à arrondir les angles dans l’objectif de concilier. Je suis devenue insensible. Je n’éprouve plus de plaisir et n’ai plus envie de rire. L’hypothalamus a sans doute été touché par manque de vascularisation. J’en suis la première victime avant ceux qui m’environnent. Ils ne s’en aperçoivent pas.« 

Il y a un « avant » et un « après AVC » avec toutes ses différences

En effet, ce virage à 180° malgré soi amène à une profonde réflexion. Doit-on effacer le passé et redémarrer une nouvelle vie entourée d’un nouveau cercle social ? Trop de reproches s’accumulent. Trop entendre, « tu as changé« , est devenu destructeur. Evidemment qu’on a changé et l’inacceptation des autres fait mal. Leurs réflexions sont comme de nouveaux coups de poignards comme si on en n’avait pas assez subi. Ils ne sont pas responsables, en fait personne n’est responsable. Mais il faut l’accepter bilatéralement. Il y a un « avant » et il y un « après ». Là où on s’entendait avant peut engendrer le contraire après.

Garder le moral est la première lutte post-AVC pour continuer à avancer malgré tous ces constats. Poursuivre sa vie sans ne plus ressentir une quelconque émotion est compliqué et douloureux. Bizarrement, sans ressentir l’émotion de la douleur, on sait qu’on a mal par souvenir du passé. On a l’impression d’être devenu une machine de guerre sans affect, bon ou mauvais. Plus rien ne touche que ce soit un évènement heureux ou malheureux.

Chaque jour, on garde l’espoir d’éprouver un réel sentiment et d’avoir le coeur qui bat par bonheur ou plaisir. On se souvient avec regret de ce que les émotions procurent. Après l’AVC, accepter d’avoir changé est une réelle souffrance et un combat contre soi-même. Être victime d’un AVC prend tout son sens.

Livre sur l'AVC et le combat d'une femme atteinte de cet accident vasculaire cérébral face au corps médical en contradiction